25 mars 2008

Mardi 10 Juillet

Finalement je n’ai pas trop mal dormi. Apparemment mes amis les cafards ne sont pas venus me voir. Du coup je me suis levée en même temps que les enfants à 6h30 pour participer au temps de prière du matin.
Cette fois le petit déjeuner est composé de riz et de saucisses fourrées… au fromage bien sûr, et enrobées d’une sauce sucrée.

Notre objectif de la matinée est d’apprendre une chanson aux enfants : on a choisi « Ainsi font, font, font » pour commencer.

Maxime a pu répéter quelques notes sur un synthé. Il nous apparaît bien difficile de rassembler les enfants qui ont plutôt l’air d’avoir envie de jouer de façon dispersée. Heureusement Tonton qui avait lui-même très envie d’apprendre un peu de français a réussi à rassembler 3 ou 4 enfants. Il est possible, et c’est ce que j’espère, que les enfants vont venir petit à petit vers nous et participeront aux activités.

Cette après-midi nous allons enfin visiter le « Robinson’s Mall », un centre commercial dans le genre américain, tout près du centre Kanlungan : 10 min à pied au maximum. Nous n’y sommes pas allés en jeepney, comme nous l’avait conseillé une personne du staff qui semblait déjà accablée par la chaleur de l’extérieur rien qu’en y pensant… mais en fait c’était parfait à pied, nous avons pu voir l’activité importante dans les rues et les vendeurs sur les trottoirs qui proposent de multiples objets… et contrefaçons !

En milieu d’après-midi nous sommes partis avec Wilmar et Hannah dans un quartier de Manille très animé et riche le soir mais dans lequel de nombreuses familles des rues vivent.

Notre première rencontre nous a directement plongé dans l’ambiance : une jeune fille de 15 ans qui vit dans la rue avec son bébé de 2 semaines ! Hannah a donné des conseils à la jeune mère mais il est évident que ce n’est pas facile dans de telles conditions…



Puis nous avons rencontré d’autres familles qui tentent de survivre au jour le jour. La plupart des adultes sont drogués : la colle qu’ils sniffent est vendue 2 pesos tandis que le moindre repas coûte 30 pesos. Malheureusement le calcul est vite fait.





Wilmar avait amené sa guitare : il s’est installé sur une place, a rassemblé quelques familles, et tous ont chanté joyeusement. J’ai l’impression que c’était une façon de s’échapper de leur vie quotidienne pendant un petit moment, un brin de soleil dans une vie bien triste et dure, certainement comme leurs cœurs.




Sur le chemin du retour le typhon prévu a fait son effet : vent et très grosse pluie.
Les rues se sont vites retrouvées inondées, et lorsque nous sommes sortis du taxi qui nous ramenait nous avions de l’eau jusqu’au dessus de la cheville !

Après le dîner nous avons beaucoup discuté avec Roël.
Il nous a proposé de nous emmener voir des bidonvilles de Manille, ainsi que des prisons. Pour les bidonvilles ça me parait intéressant. Mais j’avoue ne pas être sure de vouloir aller voir une prison ; apparemment c’est très rude. Sarah parlait des limites de chacun : il est fort possible que les miennes se situent là…


Hannah soigne les enfants




Nous commençons aujourd'hui nos activités. Après le petit dej' (saucisses, dont certaines fourrées au fromage, et riz), nous apprenons aux enfants "Ainsi font, font, font". Tonton est très intéressé par le français (il a 18 ans). Je lui apprend un peu de solfège (c'est assez dur) puis il nous emmène au Mall : une Toison d'Or sur 5 étages.

Quand nous revenons du Mall, Sarah arrive. Nous lui expliquons comment ça se passe...
Ensuite, Wilmar nous emmène dans sa tournée dans la rue (quartier de Remedios). Nous rencontrons plusieurs familles dont une fille de 15 ans, son petit garçon de 2 semaines, sa mère et son frère. L'image est assez terrible.

Le frère de la fille de 15 ans


Wilmar et Hannah (l'infirmière) sont très sympas et nous expliquent beaucoup de choses.
Puis nous jouons, prions, etc... sur une place avec des familles de la rue. Les gamines sont trop attachantes et tout le temps souriantes!

Premier Snack dans la rue offert par Wilmar (maïs bouilli et copeaux de noix de coco)


En repartant, le "typhoon" nous surprend et en quelques minutes, les rues sont inondées. Nous prenons un taxi pour revenir à Kanlungan. Là-bas aussi, tout est inondé et les enfants jouent sous la pluie alors que nous, nous essayons de l'éviter!


La soirée se termine par une grande conversation avec Tatay Roel.


18 mars 2008

Lundi 9 Juillet

Aujourd'hui, nous prenons nos marques. Après un réveil à 3h du mat' croyant qu'il était midi et quelques cauchemards, lever à 6h30. Quelques enfants prient avec Joy sous la forme de chants.
Ate Joy


Je les rejoins et tape dans mes mains comme tout le monde, d'autres enfants nous rejoignent. Ensuite, il y a un léger trou jusqu'à 8h, heure du petit déjeuner (lait en poudre + eau et sandwichs au fromage!!!)


Ensuite, réunion avec 3 membres du staff (Teacher Bing, Tatay Roel & Ate Melai).
Tatay Roel

Teacher Bing

Ate Melai

Nous parlons de notre planning, de l'ONG,... ils sont très sympas et veulent qu'on leur fasse des cours de Français.

Des étudiants viennent aider les enfants à jouer et apprendre. Nous regardons et jouons un peu...
L'après-midi se passe, tranquillement, snas que nous fassions grand chose... "Philippino Time"!!!

Ma nuit fut courte et mouvementée ! Peu de temps après m’être endormie, je suis réveillée par un bruit qui me rappelle celui – bien connu – d’une souris… mais non : ici ce sont les cafards qui vont m’embêter. Ils sont énormes, nombreux et en plus ils volent !

J’ai l’intuition que le fait que j’ai stoppé le ventilateur n’a pas arrangé les choses.

Après environ 3h30 de lutte avec les cafards puis mon angoisse, je finis par tomber de sommeil.

Le réveil est dur : à 6h30 j’entends que les enfants se lèvent mais j’avoue me rendormir presque instantanément.

Je me lève un peu plus tard, un peu engourdie par le peu de sommeil que j’ai eu et qui ne m’a pas vraiment paru réparateur.

Max a déjà pris son petit déjeuner et m’annonce qu’il faut avoir l’estomac bien accroché : au menu lait (en poudre) et pains fourrés de fromage. Max a été écoeuré par le fromage qui était en plaquette, comme notre beurre. Mais personnellement c’est plutôt le lait que j’ai eu du mal à avaler…

Joy m’a dit que ce type de petit déjeuner était servi jusqu’à 3 fois par semaine : cela doit-il nous rassurer ? je ne sais pas …

Ce matin nous avons d’abord une réunion pour organiser un peu les activités.

Nous suggérons quelques-unes de nos idées à l’équipe qui s’occupe des programmes d’éducation. On obtient quelques précisions sur le fonctionnement de Kanlungan et sur ce que nous allons pouvoir faire.

Du mardi au vendredi nous irons dans les rues de Manille pour faire des activités avec les enfants qui y vivent. Le reste du temps nous serons au centre.

Les choses me paraissent un peu plus concrètes, même si le « Filipino Time » nous obligera certainement à modifier nos plans et à s’adapter.

L’après-midi est aussi très calme. On regarde les quelques chansons que l’on va pouvoir commencer à leur apprendre. On se repose… on discute, beaucoup.

Le premier snack philippin est un genre de gaufre fourré au fromage (le même qu’au petit déjeuner bien sûr !). Le deuxième snack arrive quelques heures plus tard : j’avoue le déguster avec moins d’appétit : ce sont des nouilles fines sucrées mélangées à des crevettes et quelques légumes. Je crois que le fromage philippin m’ira très bien !

Nous discutons à nouveau avec Tonton qui est très curieux de la France, de nous, et qui nous donne aussi beaucoup d’infos sur les Philippines, Manille, leur culture. C’est très enrichissant.

Ce soir je redoute de me coucher… mais il va bien falloir !

11 mars 2008

Dimanche 8 Juillet

Premier Jeepney




Un bon petit déjeuner dans le ventre, nous décidons tous d’aller voir le « mall » qui se trouve dans les environs de la pension.
Ce matin, beaucoup plus qu’hier soir, les odeurs de la rue me retournent l’estomac.

Cette courte visite du mall nous permet de voir que beaucoup de choses qui nous serons certainement utiles pour les activités, sont très facilement trouvables.


Avant du Jeepney


Lorsque nous rentrons à la pension, Sarah nous attend pour nous parler un peu plus précisément de notre chantier. Peu de temps après, l’équipe de l’association Kanlungan qui nous accueille arrive.
Nous partons, Marie-Thérèse, Gregory, Caroline, Maxime et moi pour le centre de Malate.

On nous a préparé un délicieux déjeuner, avec notamment des mangues qui sont – je l’avoue – bien meilleures qu’en France, et que j’aime assez ! Les enfants nous accueillent ensuite avec 3 danses qu’ils ont préparé, et se présentent rapidement. Ce qui me frappe tout de suite est la différence entre l’âge qu’ils paraissent et leur véritable âge. Le plus jeune à 8 ans et la plus âgée 18.
Pour certains, on a du mal à croire qu’ils ont eu un passé si difficile tellement ils respirent la joie.

Nous accompagnons Marie-Thérèse, Grégory et Caroline dans leur centre à Pacita. On voit une grande différence entre les 2 centres : à Pacita les enfants sont très joueurs et demandeurs dans l’immédiat, et très « entreprenants ». A Malate ils semblent plus méfiants, et distants.


Centre de Kanlungan à Laguna (Pacita)


A notre retour à Malate Max et moi avons une grande discussion avec Joy, la responsable du centre. Elle semble très avide de connaissances sur la France en général. Et nous, sur les Philippines.

Les enfants commencent déjà à nous « apprivoiser ». certains nous apprennent à faire des bracelets de perles, d’autres à chanter. J’espère que bientôt nous pourront leur apprendre de nouvelles occupations et que ce sera à notre tour de leur donner des idées !


Après un réveil en pleine nuit (décalage horaire oblige), réveil à 8h30 - 9h00... Petit dej' pas très local puisque nous mangeons pancakes et omelette!
Petit tour au Mall (gros centre commercial) du coin en passant à côté du marché. Le mélange des odeurs est vraiment fort dans la rue.

Après l'arrivée de Sarah et un dernier petit brief avant de partir, direction Malate.
Caro, Greg et Marie-T nous accompagnent. Nous avons le droit à une série de danses en notre honneur!
Puis nous accompagnons Greg, Caro et Marie-T jusqu'à "leur" centre à Laguna, banlieue de Manille à une heure environ de Malate. Le contraste est saisissant. La végétation est présente! Les enfants ont l'air beaucoup plus vivants. Ils parlent beaucoup, courent, rient, sont créatifs... et font des conneries!!! A Malate, les enfants sont plus renfermés, ils viennent directement de la rue et ont été soit abusé, soit leurs parents n'ont pas assez d'argent pour les élever.



Nous rentrons, apprenons à faire des bracelets de perles avec Mélanie et la nuit tombe assez vite (19h). Nous mangeons avec Joy du staff et échangeons beaucoup sur nos différentes cultures (école, sans abris, cuisine...).
Ensuite, direction la douche ( ou plutôt le seau je devrais dire). Une douche est composée de :
- un toilette (sans chasse d'eau)
- un robinet
- un seau
- un tabo-tabo (qui permet à la fois de se laver et d'évacuer pipi ou caca dans la cuvette!)




Je dors séparé des enfants dans "l'office" (bureau du staff) au rez de chaussée. C'est calme et presque propre!



04 mars 2008

Samedi 7 Juillet 2007

Premier jour à Manille et déjà plein de péripéties... Nous devions arriver le 6 Juillet mais le retard de l'avion Paris-Bahrein (3 heures) nous a forcé à rester une nuit à Bahrein : hotel 4* (!) mais nuit agitée car il y a une boite de nuit au 8ème ; nous logeons pourtant au 5ème!!!




La nuit passée, les buffets du matin et midi dévastés (il faut dire qu'on avait vraiment la dalle...) et quelques parties de cartes plus tard (dont un mémorable poker menteur), nous repartons par le même vol, mais avec 24 heures de retard!

Arrivés à Manille (enfin), nous récupérons nos bagages puis nous retrouvons Sarah (coordinatrice d'ASMAE) et Marine (volontaire), qui n'était pas dans le même vol que nous...
Déjà à la sortie de l'aéroport, j'aperçois une jeepney (elles sont encore mieux qu'en photo). Je ne savais pas encore que ce serait notre moyen de transport pour la pension (à 12 et avec les bagages, c'était un peu serré...). Là bas, Sarah nous brieffe un peu puis elle s'en va et nous laisse les 11 sur place.


Une autre vue


6h30 : le réveil a été dur mais l’angoisse de partir m’a sortie du lit. Une douche avant de passer certainement 24h dans le voyage…

On est plutôt silencieux dans le RER ; je crois que j’ai du mal à réaliser que le grand jour du départ est arrivé !

8h15 : apparemment nous sommes les premiers à être arrivés à l’aéroport ; les autres ne tardent pas à arriver.

En attendant on partage un cake chocolat-banane : les estomacs se dénouent, les langues se délient ; on
rigole bien, ça détend !

Armelle et Caroline

11h15 : finalement un problème technique nous empêche d’embarquer.

La pièce de rechange attendue pour décoller arrive à 14h30 : nous aurons donc environ 3h de retard.
Le vol permet à chacun de papoter, bouquiner, se reposer…

Lorsque nous arrivons à Bahrein, on apprend que le dernier vol pour Manille est déjà parti. On nous emmène donc dans un hôtel 4*, nous prendrons le vol 24h après notre vol prévu initialement.
Notre journée à Bahrein est très sobre : repas à l’hotel, parties de cartes, lecture…
Il fait 34°C environ à l’ombre… pas de quoi nous inciter réellement à aller se ballader dans cette ville inconnue.

Nous embarquons enfin dans l’avion qui va nous mener à Manille.



Dans l'avion...


Les 9h30 de trajet paraissent plutôt longues et le sommeil reste léger.
L’atterrissage se fait en douceur et nous sommes soulagés d’être cette fois-ci bien arrivés à destination.
Il ne fait pas si chaud qu’on le redoutait, mais l’humidité est bien présente : 5 minutes suffisent à peine à coller nos vetements à nos corps fatigués et trempés.

Sarah nous accueille et nous prenons pour la première fois un jeepney : nous sommes bien serrés mais enchantés.

Après une petite réunion et un repas préparé par nos hotes, nous faisons un petit tour dans les environs, notamment pour voir un marché, où fruits, légumes, poissons, viandes et objets en tous genres se cotoient indifféremment.
La fatigue vient assez tôt ce soir, mais l’angoisse et l’envie du lendemain retardent un peu mon sommeil.




Gros dodo pour Armelle

01 mars 2008

Petite note explicative de présentation

Pour que tout le monde puisse comprendre le contexte des récits voici quelques explications.

Maxime et moi sommes partis en juillet 2007 aux Philippines avec l'association ASMAE pour une mission d'aide au développement. Cette mission a duré 3 semaines puis nous avons passé 1 semaine supplémentaire pour visiter un peu plus du pays.

ASMAE travaille en partenariat avec des associations locales. Nous avons ainsi été accueillis par l'association philippine Kanlungan qui s'occupe d'enfants en difficultés. Kanlungan dispose de plusieurs centres d'accueils pour les enfants des rues, et notamment le centre situé dans Manille. Ces enfants vont y passer environ 1 an afin d'être resociabilisés et de retrouver des habitudes de vie normales (3 repas par jour, des réflexes d'hygiène, etc.). Par la suite ils pourront intégrer un autre centre d'accueil de Kanlungan, et seront scolarisés.
Par ailleurs, l'équipe de l'association Kanlungan comprend des éducateurs de rues, dont le travail est de prendre contact avec les enfants des rues en allant directement les voir dans les différents quartiers de Manille. Les éducateurs de rues font des animations auprès de ces enfants et parfois de leur famille. Ces animations leurs permettent à la fois de partager un temps de jeu avec ces personnes dont la vie est très dure, et de faire passer des messages sur la santé, l'hygiène, la religion (très importante aux Philippines) ou la solidarité.
Le passage de la rue au centre pour les enfants n'a lieu qu'avec leur volonté. La mission des éducateurs de rues est donc essentielle car elle permet d'amener les enfants et leur famille qui vivent dans la rue, à envisager de venir à Kanlungan et de vivre ainsi non seulement dans des conditions normales, mais également de pouvoir envisager une scolarisation et donc un meilleur avenir.

Maxime et moi sommes partis pour faire de l'animation auprès de ces enfants, dans le centre d'accueil de Kanlungan mais aussi dans la rue.

Dans nos récits nous citons de nombreuses personnes. Si le rôle de chacun n'est pas explicite dans le récit d'origine, il sera précisé.

Bonne lecture!